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FFPJP 2014 – La Parole à Laurent Causse

4 novembre 2014

La parole à Laurent CAUSSE

 

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            A 50 ans tout justes, Laurent Causse entamera en 2015 sa 11ème année d’animation de compétitions Pétanque. Ce gardois à l’accent chantant arpente tous les terrains de France et de Navarre le micro à la main, toujours d’humeur égale.  Nous avons donc décidé de donner la parole à l’un des speakers officiels de la F.F.P.J.P. et d’apporter un éclairage sur leur rôle. Plaisir, confiance et émotion sont les mots qui reviennent le plus dans la bouche de cet homme par définition peu avare de confidences.

            Un mot tout d’abord sur vos débuts dans le métier de speaker spécialisé dans les compétitions de Pétanque. Comment en arrive-t-on là ?

            En ce qui me concerne ma présence en tant que speaker sur des compétitions résulte d’une discussion que j’ai eue avec Marc Alexandre lors des Championnats de France Corporatifs à Guéret en 2002. Après avoir perdu en quarts de finale, nous avons pu échanger ensemble et je l’avais félicité pour le travail qu’il faisait en lui disant que je trouvais cela indispensable. Dans ma jeunesse, j’ai été D.J et animateur radio, j’étais donc déjà sensible aux questions touchant à l’animation. Suite à cette conversation, Marc Alexandre avait pris mes coordonnées en m’expliquant que si un jour une occasion se présentait de me proposer une animation Pétanque, il donnerait mon nom. Un an plus tard, en septembre 2003, il m’a rappelé pour me dire que les organisateurs de l’International de Fenouillet avaient besoin d’un animateur. J’y suis allé sans expérience particulière, cette première fois s’est avérée concluante. J’étais déjà ami avec Jean-Pierre Mas avant cela, j’avais plaisanté un jour en sa présence en disant que j’étais prêt pour animer Millau. Lui a trouvé que l’idée était bonne et m’a testé sur le National d’Hiver de février 2004. Un grand merci au passage à Gilbert Navarro, un sétois qui avait dit du bien de moi à son cousin le journaliste Jean-Michel Izoird. Grâce à ce dernier, dans les mois qui ont suivi, j’ai animé Sète, Palavas et Béziers. Et j’ai co-animé le Mondial de Millau dès août 2004 avec Marc Alexandre. Je lui en suis très reconnaissant.

            11 ans après j’ai fait mon chemin. Je suis fier de pouvoir dire que je n’ai jamais eu à démarcher qui que ce soit pour faire des animations. Ce sont toujours les organisateurs qui sont venus me voir. J’espère que cela durera encore longtemps.

            En 10 ans de carrière, comment avez-vous vu évoluer le rôle du speaker ?

            Dans le bon sens je pense. Il est certain que le speaker a pris des responsabilités de plus en plus grandes au fil des années. Je crois que cela a trait à la confiance que les organisateurs nous accordent. Bien sûr, nous ne nous substituons jamais au délégué fédéral d’un concours, mais nous savons être réactifs en cas de problème. Nous sommes au service de la manifestation. Il y a toujours dans un concours 1 ou 2 moments tendus, à la sortie des poules par exemple, comme le coup de feu dans un restaurant. A cet instant précis, il est important que le speaker soit bien en phase avec le délégué et le « graphiqueur ».

            Pour vous dire un mot de l’avenir, et ce n’est là que mon avis, j’estime qu’il reste du travail à faire en ce qui concerne les cérémonies avant les finales et les cérémonies de récompenses. Il faudrait que ce soit des « shows » plus attractifs. Le speaker a un vrai rôle à jouer dans cette optique-là. Il y a enfin je crois de grandes améliorations à apporter au niveau des sonos sur les concours. C’est l’outil principal du speaker et un élément essentiel d’un concours.    

            Qu’y-a-t-il de plus plaisant dans le métier de speaker ? Qu’est-ce qui vous attire le plus ?

            Tout simplement parler dans un micro devant la foule. Pour moi c’est un très grand plaisir. Il y a des gens qui sont paralysés à l’idée de devoir parler en public, moi c’est l’inverse. Et puis j’ai la chance d’animer des compétitions de Pétanque, sport qui est ma grande passion. J’ai longtemps joué avant d’être animateur. J’ai donc réussi à allier deux de mes centres d’intérêts. C’est un luxe.

            A l’inverse qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre tâche ?

            Avoir à supporter la mentalité de certains joueurs. Je ne m’habituerai jamais au non-respect des horaires, des tenues, du fair-play. Je me mets à la place des bénévoles, qu’il s’agisse des organisateurs de nationaux, de Comités Départementaux ou de la F.F.P.J.P. Toutes ces personnes se donnent du mal pour faire de grandes manifestations, et leur travail peut être gâché par la bêtise de quelques-uns. Je ne m’y fais pas. Et je suis souvent aux premières loges pour y assister.

            Une des difficultés vient aussi du fait d’être en première ligne. Le fait d’être la voix d’un concours vous met à la merci des huées du public en cas d’erreur. Mais c’est le boulot. D’ailleurs, les joueurs ont pris l’habitude de venir s’adresser au speaker quand quelque chose ne va pas, puisque c’est lui qui parle dans le micro.

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            Justement vous évoquez les différents échelons des compétitions, à ce propos, comment décririez-vous le fait d’animer des compétitions fédérales, qui sont les vitrines de notre sport ?

            Pour moi toutes les compétitions sont importantes. Notre travail c’est de les mettre en valeur, et la pression finalement est la même partout. J’ai l’immense chance de pouvoir choisir où je vais animer, donc quand je suis présent quelque part, c’est que j’ai du plaisir à y venir.

            Mais j’ai bien compris le sens de votre question. Animer des Championnats de France c’est évidemment flatteur. Avoir la confiance de la F.F.P.J.P. c’est un honneur. D’ailleurs, je remercie la fédération d’avoir instauré un speaker systématiquement sur les Championnats de France. Je crois que cette décision était une bonne chose. Dans toutes les autres disciplines sportives, les Championnats de France ont un animateur. Comme je vous l’ai dit déjà, en tant que passionné de Pétanque, c’est un bonheur que d’être présent sur de tels évènements.

            La Fédération fait également appel à nous pour animer le « Pétanque Tour », une campagne de promotion de la Pétanque. Là nous sommes en plein dans notre rôle. C’est plus difficile car nous nous adressons au grand public, mais c’est tellement réjouissant de voir à quel point la Pétanque attire le monde.

            Vous animez environ 30 manifestations par an. Quelles sont les compétitions qui ont votre préférence ?

            C’est très difficile de répondre à cela parce que je répète que je choisis où je vais animer, et je ne me rends donc que dans les endroits où je suis bien. Mais je me prête au jeu. Je vous parlerai d’abord de l’International d’Ile Rousse en Corse. J’ai été associé à ce projet depuis le début. Les organisateurs sont partis de zéro pour un résultat exceptionnel. Je suis fier d’avoir apporté ma pierre à l’édifice et d’avoir autant de confiance des organisateurs.

            J’évoquerai également l’International de Draguignan. C’est un peu la même chose j’y vais depuis sa création, en plus je suis licencié de l’ABC Draguignan, donc le plaisir y est grand.

            Enfin je vous dirai un mot du Pétanque Tour, et de l’étape fréjussienne de 2014. Nous avons vraiment vécu un moment particulier. La foule n’a jamais faibli en deux jours, les deux joueurs Henri Lacroix et Dylan Rocher ont donné tout ce qu’ils avaient au public qui leur a bien rendu, l’équipe organisatrice s’est démenée pour atteindre une telle réussite, et nous avons partagé cela tous ensemble. C’était sincèrement un moment marquant. D’ailleurs, je voudrais profiter de votre question pour rappeler qu’il y a dans tout évènement ce que l’on appelle des travailleurs de l’ombre, des  personnes qui n’ont pas les projecteurs braqués sur elles. Je pense particulièrement au chauffeur du car podium fédéral, Jean-Pierre Darreous. Avec les années nous sommes devenus amis, et je ne pense pas que le grand public ait la moindre idée du travail accompli par une telle personne.

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            En parlant de personnes, citez-nous également vos organisateurs préférés ?

            C’est très dur finalement votre interview. Il faut faire des choix parmi tant d’individus qu’on apprécie. Mais bon allons-y. D’abord Jean-Michel Vidal. Il est le brillant Président de l’AS Béziers et c’est aussi mon ami. Quand j’ai débuté on ne se connaissait pas et il m’a dit : ‘c’est très simple tu as carte blanche’. A ce jour, il est le seul pour qui j’ai travaillé à m’avoir dit cela. Un tel degré de confiance c’est forcément émouvant.

            Et puis j’ai aussi un coup de cœur pour Robert Costes, le Président de l’AP Espalion. Là aussi des liens affectifs nous unissent. C’est un homme qui parle avec son cœur, et chaque édition de l’International d’Espalion est toujours riche en émotion.

            Dans vos 10 années de voyages à travers la France d’une compétition à l’autre, quel est votre souvenir le plus fort, notamment dans votre relation avec le public ?

            Il y a 3 moments qui me viennent à l’esprit. Je commence par ma toute première intervention dans le carré d’honneur de Millau en 2004. Tous ceux qui y sont déjà allés savent à quel point ce lieu est mythique. Donc tenir le micro devant ce public de connaisseurs était intense.

            Je pense aussi au Championnat de France Individuel Masculin et Doublette Féminin de Brive la Gaillarde en 2011. J’y suis allé après avoir connu de graves soucis de santé. J’avais totalement perdu confiance en moi à cette époque-là. Et au moment de la finale, le public a fait une ‘ola’ mémorable et l’ambiance était incroyable. Ce contexte particulier m’a marqué.

            Enfin, je me souviens de la victoire de Bruno Le Boursicaud au tir de précision à Marseille en 2012 lors de mon premier Championnat du Monde en tant qu’animateur. J’étais de tout cœur avec Bruno mais mon devoir m’imposait une neutralité totale, d’autant plus que le finaliste Adama Kouandé est quelqu’un que j’apprécie aussi. C’était donc un exercice difficile mais sa victoire, sa joie et celle du public sont un formidable souvenir.

            Vous nous donnez l’occasion de vous poser la dernière question de cet entretien. Après toutes ces années, quel a été le joueur qui vous a le plus impressionné ? Qui a le mieux représenté et défendu le Sport Pétanque selon vous ?

            Là je ne peux pas vous donner un seul nom. Pour moi, Dylan Rocher représente tout ce que doit être la Pétanque de haut-niveau. C’est un joueur d’une grande classe, qui s’entretient physiquement, très sociable, toujours disponible, conscient de son devoir d’exemplarité envers la jeunesse. Il est une icône désormais et il faut savourer je pense la chance d’avoir un tel champion dans notre discipline.

            Enfin sans surprise après ce que je viens de dire précédemment, je vous parlerai de Bruno Le Boursicaud. C’est une personnalité hors du commun. Il casse tous les codes. Il détonne dans ce milieu bouliste, mais pour de bonnes raisons. Il a un cœur énorme, des qualités humaines très rares. Dans un monde de compétition, on voit souvent les mauvais sentiments prendre le pas sur les bons. Pas avec lui. Il a tissé un lien avec le public comme aucun autre joueur. Il a les pieds bien sur Terre, les succès ne l’ont jamais changé. C’est un show man. Je lui souhaite d’ailleurs encore de nombreux titres et j’affirme que,  comme Dylan, nous avons besoin de champions tels que lui.

 

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